Politique Québec

L'heure juste avec Gabriel Nadeau-Dubois

Toma Iczkovits

Gabriel Nadeau-Dubois a toujours dit les choses telles qu’elles sont. Cette fois-ci n’est pas exception. Québec solidaire veut prendre le pouvoir et il n’a pas à s’en excuser, selon lui. Avec sa victoire écrasante dans Gouin, le nouveau député semble bien en selle pour décomplexer son parti et lui offrir l’ingrédient qui lui manquait; la confiance.

Votre annonce ici
Vous n'aimez pas les publicités?
Les publicités automatisées nous aident payer nos journalistes, nos serveurs et notre équipe. Pour masquer les annonces automatisées, devenez membre aujourd'hui:
Devenez membre

Pourquoi s’étonner que QS veuille former le gouvernement? Pour transformer la société, il n’y a pas d’autre voix que la politique, affirme le jeune député, du haut de ses 26 ans. Attablé dans un café de sa nouvelle circonscription, il semble fatigué, mais tout de même capable de démonter toutes les objections qui lui sont lancées. Les «préjugés et les histoires de peur», il les a assez entendus. Il semble pressé de s’en débarrasser, mais il est très lucide sur le chemin qui reste à parcourir.

«L’une des manières de faire grandir QS en termes de députation, en région, c’est de parler plus et de parler mieux d’économie», affirme-t-il. À ses yeux, il est temps de réinvestir ce thème qui a subi un «hold-up» des partis de droite. «Le parti est rendu là, on le sent, ce n’est pas juste propre à moi. Il y a une convergence naturelle entre les réflexions que j’ai eues dans les dernières années et celles du parti. On se retrouve et on s’entend sur l’avenir de Québec solidaire. QS est arrivé après dix ans à un certain niveau de maturité, où il n’y a plus de gêne à parler d’économie à gauche. On ne se sent plus imposteurs.»

QS est arrivé après dix ans à un certain niveau de maturité, où il n’y a plus de gêne à parler d’économie à gauche. On ne se sent plus imposteurs.

S’il n’a plus autant de complexes à parler budgets, dépenses et création d’emplois, Québec solidaire a encore énormément de travail à faire avant de s’implanter durablement en région, là où il a réellement besoin de grandir. Gabriel Nadeau-Dubois en fait l’une de ses priorités : en plus de l’éducation, il devrait aussi s’occuper du dossier de l’agriculture à l’Assemblée nationale.

Il le concède, QS ne prendra pas le pouvoir en 2018, mais il est optimiste. Son arrivée au parti a fait doubler sa base militante, passée de 10 000 à 16 000 membres depuis mars. Un tel afflux signifie plus de ressources financières, dont QS a grand besoin pour être capable de se développer en région. C’est là que Gabriel Nadeau-Dubois veut concentrer ses efforts pour 2018 : constituer une armée de militant-es pour effectuer du travail de terrain et trouver des candidatures régionales solides. «On ne veut pas des vedettes de téléréalité, mais des personnes qui sont reconnues dans leur région. Qu’elles se revendiquent de Québec solidaire, ça nous donne une crédibilité», admet-il candidement.

Après le flirt avec le PQ

Dans plusieurs régions, comme Saguenay-Lac-Saint-Jean et en Gaspésie, c’est le Parti Québécois (PQ) qui domine. Si les militant-e-s de QS ont fermé la porte à une alliance électorale avec le PQ lors de leur congrès, GND croit toutefois que la collaboration n’est pas exclue pour autant. S’il a personnellement voté en faveur de la convergence, il martèle toutefois que QS possède sa propre identité. «Le choix fait au congrès n’est pas contre le PQ, c’est un choix pour QS et pour se faire confiance. Non, on n’est pas le petit frère rebelle du Parti Québécois, on est une alternative politique à part entière. On ne veut pas être seulement un allié de circonstance pour que le Parti québécois accède au pouvoir. On est un parti qui aspire à gouverner le Québec».

Non, on n’est pas le petit frère rebelle du Parti Québécois, on est une alternative politique à part entière.

Lorsqu’on lui demande comment il va concilier ses positions souverainistes avec son poste de co-porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois se braque un peu. Québec solidaire est souverainiste, rappelle-t-il, c’est le PQ qui reporte l’indépendance jusqu’en 2022. Si la position de QS sur la question nationale n’avait pas été claire, il n’aurait jamais embarqué dans l’aventure.

«Les gens auront toujours le droit d’être en désaccord avec moi, mais ils sauront toujours exactement où je loge. Ils vont toujours pouvoir compter sur moi pour donner l’heure juste sur les positions de QS, pour être ferme, clair sur le projet de société qu’on défend, tout en étant flexible, ouvert sur la manière d’incarner ce projet de société». S’il se réclame du pragmatisme, il aura bientôt l’occasion de le démontrer lorsqu’il devra travailler en collaboration avec le gouvernement et les oppositions à l’Assemblée nationale.

Les gens auront toujours le droit d’être en désaccord avec moi, mais ils sauront toujours exactement où je loge.

Les caméras continueront de l’y suivre, comme elles l’ont fait depuis le «printemps érable» en 2012. Même s’il trouve les commentaires sur la couverture médiatique toujours trop partisans, il se prête au jeu malgré tout. Gabriel Nadeau-Dubois, «GND» pour plusieurs, a toujours attiré l’attention, qu’il l’ait voulu ou non. À l’Assemblée nationale, où la joute verbale est reine, peu de doute qu’il saura s’imposer.

Poursuivez votre lecture...
Politique fédérale
Nouvelle élection, nouvelle saison du Plancher des vaches!
Ricochet
20 août 2021
L'Afghanicide 2/3
La victoire des marchands de mort
Martin Forgues
26 août 2021
Au Liban, l'environnement sacrifié (1/3)
Désastre écologique dans le fleuve Litani et le lac Qaraoun
9 août 2021