Aux dernières élections provinciales, Ricochet n’était pas encore né. Quatre ans plus tard, fort de centaines d’articles journalistiques et de contenus d’opinion dans les deux langues, nous couvrons pour la première fois des élections au Québec.
Nous avons beaucoup réfléchi à comment parler autrement de cette élection, alors qu’elle ressemble à bien d’autres. Cynisme de la population à l’endroit de la chose politique, politiciens qui s’accusent de tout et de rien au lieu de parler de leurs programmes, promesses qui ne seront pas tenues, couverture médiatique de surface plus que de fond dans certains cas; pas évident de susciter l’intérêt, même pour nous.
Mais une chose dont nous sommes par contre sûres, c’est que nous ne sommes pas là pour influencer le vote. Bien que nous ayons nos propres convictions, notre souci principal est de donner une vue d’ensemble des différentes propositions, en donnant la parole à ceux et celles qu’on entend moins.
À vous ensuite de juger de faire votre choix le jour J. Je n’ai jamais compris pourquoi on acceptait, nous les médias, de publier des sondages pendant les élections, alors qu’on sait à quel point ils influencent le vote, et qu'on peut douter de la méthodologie (très petit échantillon, sur une période bien donnée et sur un seul coin de rue). Ni pourquoi on calcule la couverture médiatique des partis en fonction du pourcentage qu’ils ont fait aux dernières élections. Et encore moins pourquoi les éditorialistes disent aux lecteurs et lectrices pour qui voter en fin de parcours. Ce n'est pas le rôle des médias d'orienter le vote. Ceci en dit par ailleurs long sur le système médiatique, loin d'être indépendant; nous en avons la preuve par ces prises de positions éditoriales, étroitement liées à l'économie et à des rapprochements politiques. Il est évident que le mode de scrutin, souvent promis d’être modifié, n’aide également pas à donner une chance égale à tout le monde. Mais justement, les médias ont le loisir de faire parler tout le monde, peu importe leur masse critique.
C’est donc ce que nous avons décidé de faire. Nous avons demandé à cinq candidat-es de cinq partis de venir nous parler de grands enjeux de société dans le contexte de l’élection. C’est ainsi que Ruba Ghazal de Québec solidaire, Jennifer Drouin du Parti québécois, Félix Rhéaume du Parti libéral et Adis Simidzija du Parti vert, ont accepté de passer à la caméra pour nous. Seule la CAQ a refusé notre invitation (et croyez-nous, nous avons beaucoup essayé). Nous leur avons posé exactement les mêmes questions, sur la démocratie, l’identité, l’économie, la santé et l’environnement que nous vous présenterons sous forme de capsules vidéos. Nous aurions pu choisir de nombreux autres enjeux, et d’autres partis, comme il y en a 21 d’inscrits sur la liste électorale, mais ça viendra dans le reste de notre contenu.
En plus de ces capsules vidéo, qui opposeront les positions de deux candidat-es à la fois, deux fois par semaine, au cours de la campagne, nous vous présenterons aussi des articles sur les citoyen-nes à qui on s’adressent peu ou pas. On ne veut pas dévoiler nos punchs, mais nous vous invitons à nous suivre durant les prochaines semaines, pour une couverture originale, différente et rigoureuse des enjeux électoraux. Et si vous aimez ce que vous lisez et voyez, n’hésitez pas à vous abonner à Ricochet. Chaque sou compte, et c’est grâce à vous que nous pouvons continuer de produire du contenu de qualité.
Je vous souhaite donc de bonnes élections, pour ce que ça veut dans la logique du «moins pire» (merci mode de scrutin, encore une fois). Et si vous votez, de le faire pour les bonnes raisons, et surtout, de le faire en phase avec vos convictions, au-delà du système et des chicanes partisanes.