Fidèles à notre ligne éditoriale, notre objectif dans la couverture de cette campagne a été de donner la parole à celles et ceux qui n’en ont pas. C’est pour cette raison que nous avons parlé du vote des Autochtones, du vote des jeunes, de celui des anglophones, et même, de l’abstention de ce dernier. C’est aussi pour cette raison qu’il nous semblait indispensable de donner au Parti vert une certaine tribune, ainsi qu’aux abstentionnistes aux adolescents, aux artistes. Par souci d’équité, nous devons mentionner que pour nos capsules vidéo, plusieurs partis ont répondu à notre invitation, sauf la CAQ qui, après maints efforts de notre part, a toujours refusé de nous parler, au contraire du PQ, des libéraux, du Parti vert et de QS.

L’environnement ayant toujours été l’une de nos préoccupations depuis le début de Ricochet, la grande enquête d’André Noël publiée à travers la campagne a eu l’effet d’une bombe, dénonçant le financement lié aux pétrolières de l’Institut économique de Montréal (IEDM), expliquant les positions climatosceptiques et néo-libérales de son ancien directeur, Youri Chassin, maintenant candidat pour la CAQ.

Si on nous a reproché de trop parler de Québec solidaire, il faut que savoir qu’ironiquement, et à l’instar de l’appel à remplir leur autobus de campagne, ils étaient les seuls qui, d’une part, répondaient rapidement à nos demandes médias, et dont nous pouvions payer les frais de tournée. Nous avons envoyé des journalistes en Abitibi et à Montréal, et ce, avant leur invitation publique. De toute évidence, ils étaient également l’un des partis qui inspiraient le plus nos journalistes par leur campagne, qui détonnait de celles des plus vieux partis. Malgré cela, nous avons publié très peu d’opinions pendant cette campagne, à notre grand bonheur, et beaucoup plus de reportages journalistiques, fruit d’un important travail de terrain et réalisés majoritairement par des femmes de surcroît.

Bien sûr, nous n’avons pas parlé de tout. Mais avec la petite équipe que nous sommes, reposant entièrement sur des pigistes que nous avons la chance d’avoir à nos côtés, nous sommes fières de la couverture que nous avons faite. (Le féminin est ici utilisé parce que depuis plus d’un an, nous sommes (seulement) deux femmes à diriger l’édition francophone de Ricochet).

La suite

Une grosse année nous attend, fortes de cette campagne électorale que nous croyons avoir couverte, fidèles à notre mission, de façon différente et originale. D’ailleurs, si vous avez aimé nous lire pendant ces longues semaines de campagne, n’hésitez pas à vous abonner. Nous avons toujours besoin de vous pour continuer. Nous lancerons une campagne officielle sous peu avec plusieurs avantages et surprises à vous joindre à nous.

Nous fêterons à la mi-octobre nos quatre ans d’existence. Plusieurs fondateurs et fondatrices ont quitté le navire, après un travail immense et apprécié. D’autres prennent peu à peu la relève, tout en tentant de répondre à la crise financière des médias. Nous y réfléchissons sans cesse, tentons de trouver des manières de soutenir un journalisme de qualité, ainsi que l’équipe interne, très peu nombreuse, mais passionnée.

Au printemps, nous confronterons à nouveau Richard Martineau lors de notre procès qui s’amorce en mai prochain. Le stress et l’angoisse liés à la pensée de replonger dans ce conflit qui nous a profondément affecté, à tous les niveaux, et qui continue de le faire (autocensure, privation de financement institutionnel, questions sur le sujet qui nous ramène de mauvais souvenirs, etc.) sont toujours présents. Mais nous mènerons la bataille. Pas seulement pour nous, mais pour la liberté d’expression, et pour les groupes vulnérables et opprimés dont M. Martineau fait ses choux gras chaque jour sur ses nombreuses tribunes.

En attendant, et parce que nous sommes plus qu’un média poursuivi en justice, nous continuerons à publier des enquêtes comme celles de M. Noël, et de vous proposer des contenus écrits, audio et vidéo de qualité, qui donnent la parole à ceux et celles qu’on entend moins, et à des enjeux passés sous le radar. Parce que nous y croyons, et parce que les médias doivent être diversifiés et offrir plus qu’une voix.

Continuez de nous suivre et de nous encourager, de nous critiquer, de nous aider, sous quelque forme que ce soit. De belles nouvelles seront annoncées sous peu pour Ricochet, et nous avons bien hâte de les partager avec vous. À une époque où les médias, surtout indépendants et numériques, sont toujours écartés des discussions financières et politiques, quatre ans d’existence a de quoi impressionner, et nous donner envie de continuer.

En espérant que vous avez apprécié nous suivre pendant la première campagne de Ricochet, bon vote (ou non).

Gabrielle Brassard-Lecours, cofondatrice de Ricochet et responsable de l’information

Katia Gaïd, équipe éditoriale