Cette fin de semaine, l’Université de Montréal célébrera l’ouverture de son nouveau campus à Outremont. Le campus sera un lieu vert et attrayant pour les étudiants et étudiantes, ainsi que les professeurs qui y sont attendus. Mais pour mon quartier à quelques mètres au nord, Parc-Extension, il n’y a rien à célébrer.
Rappelons les décisions prises par l’Université de Montréal au cours des dernières années, qui ont mené à l’ouverture de ce campus : l’achat en 2003 de l’ancien couvent des Soeurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie pour y mettre des salles de classe, pour finalement le revendre à un promoteur immobilier qui y a développé des condos de luxe ; l’achat de la Gare de triage Outremont en 2006 afin d’y mettre le nouvel hôpital du CHUM, pour ensuite accepter de le construire au centre-ville en guise de compromis politique ; la promesse d’offrir des logements pour les 10,000 étudiants et étudiantes attendus au nouveau campus Outremont, pour ensuite changer les plans et vendre les terrains à des promoteurs de condos.
Des décisions intimement politiques, financées avec de l’argent public, qui ont été prises sans consultation ni avec la communauté universitaire, ni les quartiers environnants.

Malgré les efforts des résidentes et résidents de Parc-Extension pour ouvrir un dialogue avec notre nouveau voisin, l’Université de Montréal a préféré ignorer notre existence. Nos demandes pour des bourses, des programmes de formation, des emplois locaux et des logements étudiants sur le campus ont été rejetées.
Un quartier comme le nôtre, avec un taux de pauvreté, d’insalubrité du logement, d’instabilité résidentielle, de sous-emploi et de diversité ethnoculturelle parmi les plus élevés au pays, ne fait pas le poids contre une institution si branchée politiquement. Nous n’avons même pas de Comité de bon voisinage avec l’UdeM, après sept ans de travaux! Pourtant, celui avec les résident-e-s d’Outremont se réunit toutes les six semaines.
Au lieu de tirer des bénéfices de ce nouveau venu dans le secteur, pourtant un lieu de savoir financé par nos impôts, les résident-e-s de Parc-Extension en subissent seulement les revers. Nos loyers augmentent en flèche, le nombre d’évictions aussi, et les propriétaires ne cachent même pas que c’est pour pouvoir loger les nouveaux étudiant-e-s. Des entreprises de longue date, qui embauchaient la main-d’œuvre du quartier, se font remplacer par des projets de condos. Ce n’est rien à célébrer.
Sasha Dyck, Résident de Parc-Extension