Récemment, le maire de Saguenay s’est lancé en croisade contre les écologistes et les intellectuel.les. Ils nuisent à l’économie et à l’emploi, dit-il. Plusieurs personnalités économiques, y compris le premier ministre Philippe Couillard, ont joint leurs voix à Jean Tremblay. Leur insouciance et leur arrogance sont inquiétantes.
Contrairement aux lois qui régissent notre économie et notre société, les lois de la nature ne changeront pas par décret gouvernemental ou parce qu’on fait taire ceux et celles qui les comprennent et les diffusent. Faire taire Greenpeace quand elle dénonce la surexploitation de nos forêts ne fera pas pousser les arbres plus vite. Faire taire les scientifiques qui expliquent le réchauffement climatique ne stabilisera pas le climat mondial.
L’église catholique a, dans un passé pas si lointain, fait la guerre aux scientifiques qui disaient que la Terre était ronde et qu’elle tournait autour du Soleil. Malgré des centaines, voire des milliers de mort, malgré la torture et les mutilations, l’église catholique n’a pas réussi à aplatir la Terre et à en faire le centre de notre système solaire.
Aujourd’hui, les tenants des dogmes de l’économie capitaliste qui ont été élus à Saguenay, Québec et Ottawa aimeraient pouvoir lancer une inquisition contre ceux et celles qui nous disent que notre planète a des limites et que notre mode de vie ne respecte pas ces dernières. Peu importe l’énergie que ces élus mettront à faire taire les écologistes et les intellectuels, cette croisade ne fera pas apparaître de ressources naturelles et n’arrêtera pas les changements fondamentaux et irréversibles à notre planète que nous avons initiés.
L’insouciance de notre élite politique et économique, c’est de croire qu’on pourra toujours dépenser plus de ressources naturelles que la nature n’en crée à chaque année. Alors qu’ils s’inquiètent tant du déficit dans nos finances publiques, ils n’ont aucun souci quant à notre « déficit écologique structurel ». C’est pourtant un déficit qui devrait nous inquiéter beaucoup plus. Si l’humain a réussit à vivre pendant des dizaines de milliers d’années sans économie capitaliste, si encore des centaines de millions d’humains vivent en-dehors de notre système économique, aucun humain n’a jamais réussit à vivre sans la nature.
L’arrogance de notre élite politique et économique, c’est de croire que la nature est au service de notre économie de marché, de croire que l’univers existe pour servir l’humain et le capitalisme tel qu’on le connaît depuis à peu près 200 ans. Ce n’est pas beaucoup de temps dans les 6 milliards d’années de vie de la terre. De plus, l’humain n’est une des milliards de forme de vie que compte notre environnement. Penser qu’on peut demander à la nature de changer son fonctionnement parce qu’on a décidé il y a 200 ans de se donner un système économique qui ne respecte pas les lois de notre environnement est profondément insensé.
Cette insouciance et cette arrogance ne seraient qu’une curiosité si elles n’avaient pas de graves conséquences. D’abord parce que cette guerre aux écologistes et aux intellectuel.les passe entre autre par des actions législatives, comme le projet de loi C-51, ou des actions financières, comme le musèlement des scientifiques fédéraux, qui visent à limiter la liberté et les droits de ceux et celles qui défendent la science et de l’environnement. Ensuite, parce qu’on sacrifie pour quelques emplois à court terme une quantité astronomique d’emplois pour nos enfants et nos petits-enfants. Les exemples des villes minières comme Murdochville ou la pêcherie en Gaspésie, aux Îles-de-la-Madeleine ou sur la Côte-Nord auraient pourtant dû nous apprendre de faire attention à la surexploitation des ressources naturelles.
La survie de notre espèce repose sur la générosité de notre environnement et notre intellect qui nous a permis de nous adapter efficacement à cet environnement. Nous devrions nous inquiéter quand on voit notre élite économique et politique vouloir faire la guerre à ceux et celles qui utilisent leur intellect pour comprendre notre environnement et ses limites. Pour quelques emplois de plus à court terme, nous sacrifierons les principaux éléments qui garantiront notre survie à long terme : notre intelligence et l’environnement que nous habitons.