Grève du secteur public

550 000 bénévoles

Gabrielle Brassard-Lecours

Cette semaine commence une grève majeure des 550 000 travailleurs et travailleuses du secteur public québécois. Une telle mobilisation syndicale ne s’était pas vue depuis très longtemps. Lorsqu’on regarde les conditions de travail de ces 550 000 personnes ainsi que l’attitude du gouvernement de Philippe Couillard lors de ces négociations, la colère et la frustration des syndiqués ne sont pas surprenantes.

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7.6 % de retard

Selon l’Institut de la statistique du Québec, la rémunération globale (incluant le salaire, les avantages sociaux, le régime de retraite et toutes les autres conditions de travail) des employé-e-s du gouvernement du Québec est 7,6 % inférieure à la rémunération globale des autres travailleurs et travailleuses du Québec pour des emplois comparables.

Concrètement, ça veut dire qu’un-e employé-e du gouvernement du Québec à temps complet qui travaille 35 heures par semaine n’aurait qu’à travailler 32 heures 20 minutes chez l’employeur québécois moyen pour avoir la même rémunération. On peut aussi dire qu’un travailleur ou une travailleuse à temps complet du secteur public québécois fait deux heures et 40 minutes de bénévolat pour le gouvernement chaque semaine. Par année, c’est plus de 120 heures de bénévolat par employé-e à temps complet dont le gouvernement du Québec bénéficie.

Par année, c’est plus de 120 heures de bénévolat par employé-e à temps complet dont le gouvernement du Québec bénéficie.

Comme le gouvernement emploie l'équivalent de il y a près de 500 000 temps complet qui travaillent pour le gouvernement du Québec actuellement, c’est comme si le gouvernement profitait gratuitement de l’équivalent du travail de 37 500 travailleurs et travailleuses à temps complet.

En donner plus malgré tout

Avec autant de bénévolat exigé par leur employeur, on s’attendrait à ce que les travailleurs et travailleuses du secteur public ne donnent pas une seconde de plus au gouvernement. Pourtant, chaque semaine, des professeur-e-s organisent des activités parascolaires ou font de la correction sur leur temps personnel. Des travailleuses sociales ou des physiothérapeutes font leurs notes aux dossiers durant leurs vacances. Des infirmières restent au travail plus longtemps, sans être payées, pour s’assurer du suivi des patient-e-s.

Partout au Québec, des employé-e-s du secteur public dépensent leur argent personnel pour acheter du matériel pour les élèves de leur classe ou pour les patient-e-s dont ils s’occupent. Pour certains et certaines, ces dépenses représentent des centaines de dollars par année.

Évidemment, personne ne demande aux travailleurs et travailleuses de nos écoles, de nos hôpitaux et de nos ministères d’utiliser leur temps ou leur argent personnel pour le bien des services publics. Si ces personnes donnent autant, c’est parce qu’elles croient à leur mission et considèrent que leurs patient-e-s, leurs élèves ou les citoyens et citoyennes méritent des services publics de qualité, même si, comme contribuables, nous ne voulons pas payer le prix de ces services.

Exiger de plus en plus de bénévolat

Plutôt que remercier les 550 000 travailleurs et travailleuses du secteur public, comme il l’a fait quand PK Subban a donné à l’hôpital général pour enfant, le gouvernement de Philippe Couillard demande toujours plus de bénévolat à ses travailleurs et travailleuses.

En 2008, le retard salarial dans le secteur public était de 2,9 %, soit une heure de bénévolat par semaine pour une personne à temps complet.

En 2008, le retard salarial dans le secteur public était de 2,9 %, soit une heure de bénévolat par semaine pour une personne à temps complet. Les « offres » actuelles du gouvernement Couillard, feraient passer ce retard salarial à 15 % en 2019. On demanderait alors à un temps complet de faire cinq heures et 15 minutes de bénévolat par semaine.

D’une part, le gouvernement libéral demande à ces travailleurs et travailleuses faire de plus en plus de sacrifices pour les services publics. D’autre part, avec l’austérité, le gouvernement est engagé dans un processus de déconstruction et de privatisation de ces mêmes services publics. Le gouvernement Couillard ne doit pas se surprendre de voir un large mouvement de grève se dresser contre ses politiques. Les libéraux doivent comprendre qu’il y a une limite à abuser de la bonté des autres.

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